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Je hais le bricolage et il me le rend bien

Rédigé par nonymous - - 1 commentaire

L'autre jour, je me décide à fixer des crochets de fixation à vélos que j'avais acheté 7 ans auparavant. Le truc tout bête : mes crochets sont des bouts de métal en forme de S un peu amputé, muni de 2 trous :

crochet

Je choisis l'emplacement idéal : une partie abritée de ma cour, avec un plafond en parpaings :

emplacement

La mission semble à ma portée : 2 crochets = 4 trous = 4 chevilles + 4 vis. En plus, pour une fois, j'ai un peu le droit à l'erreur, car dans une cour on peut se permettre de défigurer un peu le plafond de parpaings bruts, le préjudice esthétique est tolérable.

Problème 1 : les fournitures

Déjà, quelle cheville utiliser ?
Le parpaing, c'est un matériau creux. Mais c'est pas non plus du placo, c'est friable.
C'est pas non plus du béton, c'est creux. Alors on met quoi ? Des chevilles Molly ?

molly(Une cheville molly)

Bof je le sens pas, et pis je n'en ai pas des assez grandes. Enfin si, mais juste 3 dont une sans la vis de 8m qui va avec.
Des chevilles plastiques comme ça peut-être ?

plastique

Mouais, ça me paraît pas mal, mais je n'ai que des petites.

Il y a aussi des chevilles "tubes" comme ça :

tube

Ha oui ça je pense que ça va le faire, la vis va rentrer dedans et écarter le plastique, ça va bien tenir. En plus il me semble avoir déjà vu ça dans du parpaing. Je vais essayer ça. C'est le moment de faire l'inventaire de ce que j'ai à ma disposition.

Pourquoi, bordel, avec les milliers d'allers-retours que j'ai pu faire auparavant chez tous les magasins de bricolage du coin, je ne suis pas foutu d'avoir 4 chevilles et 4 vis identiques et compatibles ? J'ai une boîte remplie de milliards de vis et de chevilles :

boites

Pourquoi, pourquoi, il n'y en pas 4 qui vont ensemble ?
J'entame donc un petit jeu consistant à trouver 4 couples cheville/vis :
- de taille à peu près égale
- assez grosses pour soutenir des vélos
Voilà ok, après quelques minutes de recherche, j'ai mon super échantillon. Totalement hétérogène niveau couleur et longueur, mais je tolère.

Problème 2 : le perçage

Pour mettre mes chevilles il, va falloir percer, ça va de soi.
Il faut donc choisir :

  • un type de forêt
  • une taille de forêt

Le choix le plus raisonnable me semble le forêt à béton. Le béton et le parpaing c'est un peu des cousins non ? C'est des trucs de maçons ces machins là.

Quelle taille ? Je prends une des chevilles, je la mets dans mon tas de forêts et sélectionne celui qui semble avoir à peu près le même diamètre. C'est parti pour l'activité perforation.

Problème 3 : prendre les mesures

Entre le "on va coller les crochets là" et "il faut un trou de 8mm ici et un autre à 38,3mm dans l'axe nord-est", il y a une marge.

Moi j'ai une technique : je pose mon crochet à peu près là où il doit aller, je l'enlève sans quitter des yeux l'endroit du premier trou et hop, je colle ma perceuse au même endroit. Précision chirurgicale.

Problème 4 : percer correctement

Les forêts à béton me font chier :

beton

Ils ont une tête super large avec laquelle on a toutes les chances de rater notre point de perçage si minutieusement calculé. Et ils glissent.
Malgré tout, je lance donc ma perceuse à l'assaut du parpaing, dans un vacarme à réveiller les morts.
Première réaction de l'engin : rebondir, puis déraper pour rattaquer la surface à 2cm de là, non sans laisser une belle tranchée-souvenir :

percer

Putain de merde.

M'en fout, le trou sera là où la machine l'a décidé. Je force comme une brute pour aider au perçage, l'engin hurle, cogne (mode percussion sur On), le forêt couine, le parpaing s'effrite, la maison vibre, et bahm, d'un coup, la perceuse s'enfonce complètement. J'ai atteint la partie creuse. Ça y est, j'ai mon premier trou, bien dégueulasse comme prévu :

trou

Fébrilement, j'enfonce la première cheville dedans. Bien sûr, le trou est trop petit. Si je cogne encore, la cheville va s'écrabouiller et je n'en ai que 4. On déconne pas. J'enfile donc un forêt plus gros et j’élargis le trou comme un goret.

Évidemment, après cette intervention, le trou est juste un peu trop grand. La cheville rentre sans effort et bouge à l'intérieur de son logement. Bah, une fois la vis dedans, ça va gonfler et tenir. Y'a pas de raison.

Je pose donc mon premier crochet, et j'insère la vis, que je serre avec espoir. La cheville tourne avec la vis, bien entendu, puisque le trou est trop grand. Dans une manœuvre d'une habilité flamboyante, je tiens la cheville à l'aide d'une pince (main gauche), tout en vissant (main droite), et ça finit par rentrer.

Problème 5 : ça tiendra jamais

Raah putain ça tient pas, je tire dessus, y a tout qui vient, fait chier.

carny

Bordel de merde.

Problème 6 : trouver une autre solution

J'ai du choisir les mauvaises chevilles, ça m'apprendra. Reprenons à zéro.

Parmi les milliards de chevilles dont je dispose, j'ai ça :

cellulaire

C'est des chevilles pour béton cellulaire. Ça coûte une blinde et je n'ai jamais réussi à les utiliser nulle part. Je n'ai pas la moindre foutue idée de ce que c'est, du béton cellulaire, seulement mes parpaings, non seulement ils sont en béton, mais en plus ça fait comme des cellules.

C'est donc forcément du béton cellulaire. Nickel, je suis sauvé.

J'en sors une, je tape dessus, mais no way , ça rentre pas. Ça ne rentrera jamais dans rien, ce truc, d'ailleurs. Bien sûr, la cheville est foutue. Je viens donc de bousiller une cheville à quasiment 1€ juste pour essayer. En même temps, toutes les précédentes du paquet ont subi le même sort. C'est vraiment de la merde ces chevilles.

Soudain l'idée de génie : entre les parpaings, il y a des traverses, en béton ultra dur :

traverses

Ça au moins c'est pas du matériau creux à la con. C'est du dur, du sérieux. Là dedans, je vais pouvoir coller mes chevilles à béton et ça va tenir sa race. J'empoigne la perceuse, je chausse mon casque antibruit, mes lunettes de protection (parce que ça va saigner) et je démarre le biniou.

C'est une horreur, le bruit est épouvantable, ça gémit, ça tambourine, ça vibre, la maison vacille. Mais rien à faire, impossible de perforer cette saloperie de béton armé. J'insiste comme un bourrin, je sue, je pleure, je souffre, je râle, je hurle. Rien. A peine 2mm :

carny2mm

Fait chier fait chier fait chier. Je pourrai jamais faire un trou dans ce truc.

C'est maintenant une évidence : je n'ai pas le bon matos. Direction Brico-Dépôt, où un mage du bricolage me conseille sans hésitation (avec son assurance énervante de mec qui s'y connaît) un paquet de 30 bonnes grosses chevilles spécial parpaing accompagnées des vis idoines: 4, 95€ (même pas cher).

vendeur

Retour sur le chantier, je regarde d'un air de défi mon plafond amoché. Je tente d'enfoncer ma belle cheville.

Le trou est trop grand.

Si ce n'est que ça, qu'à cela ne tienne, je vais me te trouer un nouveau trou vite fait bien fait un peu plus loin dans mon parpaing que tu m'en diras des nouvelles.

Hop, je décale de quelques cm (pas de mesures, je les emmerde les mesures), et je relance la trouilloteuse de la mort. Vite fait bien fait, mon nouveau trou est des plus réussis. Une merveille. Dans mon élan, j'en fais un deuxième, là où théoriquement on devrait trouver le deuxième trou du crochet.

trous

Les 2 chevilles s'adaptent parfaitement. Du grand art. Je place le crochet, visse la première. Perfection.

J'amène la deuxième vis.

Merde, c'est pas en face du trou :

schema1

Putain de chier.

Pas grave, j'ai une solution :

schema2

Avec ce subtil système de vis en biais, cela ne va que mieux tenir. Et pis merde je vois pas ce que je peux y faire, je vais pas encore tout décaler pour recommencer.

Alors je visse, je serre comme un bœuf, puis j'observe non sans une certaine fierté mon ouvrage enfin abouti.

Le moment est enfin venu du test final : accrocher mon vélo à son crochet.

Je me hâte, attrape le VTT et enfile sa roue sur le support. Miracle ! Ça ne s'arrache pas.
Hé, on me la fait pas à moi, normalement ça aurait du se casser la gueule tout de suite. Suspicieux, je tire un peu sur le vélo...

...

Le crochet se détache alors lentement, sans forcer, les chevilles glissant délicatement hors de leur trou.

Voilà, cette nouvelle tentative de bricolage se solde une nouvelle fois pour moi par un travail de porc, un gâchis de temps, d'argent et de parpaing. Et mes vélos sont toujours rangés en bordel, occupant un maximum de place à un endroit où j'aurais pu mettre plein d'autres trucs en bordel...